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samedi 18 février 2023

Bangkok, cité des anges et des égouts (et des tuktuks et du piment aussi)

Bangkok, capitale de la Thaïlande, n'a pas a priori sa place sur un blog sur les égouts japonais... Sauf que mes quelques pérégrinations dans la cité des anges montrent que la ville est un petit trésor en la matière. La première plaque débusquée correspond à une scène de rue fréquemment observable, la moto surchargée de marchandises:
Quelques mètres plus loin, c'est une famille attablée autour d'un bon repas qui s'offre à nous:
Vient ensuite un homme ramant sur le canal:
Une plaque plus technique, avec des inscriptions calligraphiques dans un thaïlandais stylisé, suit le long de la même promenade:
Une autre, dans une calligraphie un peu différente, est cachée à peine plus loin:
Dans le prolongement de cette promenade, un pont enjambe la Chao-Phraya. J'ai voulu y aller pour admirer la vue sur la ville. Contre toute attente (oui, sur un pont, on ne s'attend pas trop à des plaques d'égout), une plaque met en valeur ce site:
On peut toutefois noter que le paysage est beaucoup plus verdoyant que celui observé par-dessus la rambarde... Mais de l'autre côté du pont, c'est la version "coucher de soleil" qui s'affiche:
Dans un autre quartier, une plaque fleurie, d'inspiration bien japonaise, vient orner le trottoir:
Et juste à côté, un bâtiment mystérieux est exposé:
Bon, le mystère est assez relatif, car les rails laissent penser qu'il s'agit de la gare; mais elle n'est pas visible depuis l'emplacement de la plaque. Le passage, à un tout autre moment, devant la gare de Bangkok a confirmé cette intuition:
Pour ce qui est des transports, le train n'est pourtant pas le mode de déplacement dominant (ce qui est assez évident dans la ville): les lignes sont assez peu nombreuses. En revanche, Bangkok est une ville qui bouge beaucoup, et les moyens de transport ne manquent pas de variété ni d'originalité. Les légendaires tuktuks slaloment au milieu de la circulation, tous bariolés et customisés par leur propriétaire:
Les motos, mobylettes et scooters s'agglutinent à chaque feu rouge pour démarrer à toute vitesse lors du passage au feu vert:
Bien sûr, les bateaux, les métros, les bus, les vélos et les voitures ou taxis complètent la panoplie, mais cela correspond davantage à ce que l'on peut trouver en Europe. Un autre réseau mérite cependant un coup d'œil, c'est le réseau électrique, bien typique de l'Asie avec ses enchevêtrements de lignes dans tous les sens:
Je voulais prendre en photo les fleurs de frangipanier, mais elles étaient difficiles à discerner derrière les fils... J'ai quand même réussi à en trouver par ailleurs, pour mon plus grand bonheur:
Outre les frangipaniers, les orchidées, le jasmin et tout un tas d'autres fleurs colorées illuminent la ville. Les marchés aux fleurs sont nombreux:
On trouve aussi des marchés pour tous les produits, et c'est relativement dépaysant, que ce soit pour le décor ou pour les produits vendus. Pour le décor, Bangkok est réputée pour ses marchés flottants à l'ambiance unique:
Pour ce qui est des produits, on y trouve des stands assez alléchants:
En effet, le thé est une valeur sûre. Pour les fruits, on se sent un peu plus perdu face à des choses inconnues (cela dit, mon ignorance sur le sujet n'est pas forcément liée à l'exotisme, puisque j'ai découvert il n'y a pas si longtemps ce qu'était le kaki):
Je n'ai pas tout testé. En revanche, il est un fruit que l'on trouve partout, et que j'ai eu la malheur de goûter, c'est le durian:
Et là, vraiment, c'était une mauvaise idée. Pour ceux qui ne connaissent pas et qui ne voudraient pas se faire piéger, vous pouvez ainsi savoir à quoi ça ressemble (et même voir comment ça s'écrit en thaïlandais, au cas où...). Le goût est à peu près aussi affreux que l'odeur (qui à elle seule justifie l'interdiction de ce fruit de l'enfer dans la plupart des lieux publics). D'autres stands ont dû faire l'objet d'un vrai travail de mise en forme, avec un étalage monochrome (photo réalisée sans filtre):
Le plus effrayant peut-être est tout de même le stand de piments:
Il y a de quoi alimenter en piments la planète entière rien que sur un marché! Et il y a des marchés à tous les coins de rue. Et ça inquiète un peu sur les spécialités locales... Autre source d'inquiétude, c'est l'huileÀ l'heure où l'Europe est en pénurie d'huile, les rayons des supermarchés de Bangkok croulent sous le poids des bouteilles:
J'ai trouvé où étaient les stocks mondiaux! Par contre, je ne sais pas dans quelle(s) spécialité(s) les Thaïlandais utilisent autant d'huile. Avant de goûter quelques plats, une petite balade dans la ville s'impose. Le Chinatown fait partie des quartiers incontournables de la ville:
Il s'agit là de la face présentable. L'autre version, visible depuis la fenêtre de la chambre d'hôtel, est moins lumineuse:
Cela dit, vu du sol, le quartier reste très animé et agréable. Bangkok est aussi très réputée pour ses nombreux temples et palais. Impossible de tout visiter, mais on peut donner ici un tout petit aperçu des plus célèbres. Le Wat-Arun est éblouissant de dorures, et de nombreuses statues colorées observent les visiteurs:
De l'autre côté de la Chao-Phraya se trouve le Wat-Pho, plus calme, mais à l'architecture impressionnante aussi:
Les rives de la Chao-Phraya, justement, permettent d'admirer l'étendue de la ville:
Parmi les hauts lieux que tous les touristes branchés visitent, il y a la Khaosan road. Il s'agit essentiellement de boutiques de souvenirs bizarres, de spécialités culinaires bizarres (comme les scorpions grillés... qu'aucun Thaïlandais ne consomme). Parmi toutes ces curiosités, une a réussi à capter mon attention, le fameux Freddie Rice Cury (oui, oui):
Je me suis contentée de la photo, mais j'ai plutôt goûté à des spécialités plus renommées. En particulier, le pad-thaï est excellent:
Moins connue au niveau international, mais très parfumée, la soupe tom-kha-gaï se déguste sur les rives de la Chao-Phraya en regardant passer les bateaux:
Et là, j'ai compris comment étaient utilisés les piments du marché: il doit y avoir la moitié d'un sac dans ce bol de soupe. Information pratique: les piments rouges flottent et peuvent ainsi être retirés facilement, tandis que les piments verts coulent, ce qui est plus traître. Pour rajouter un peu à la chaleur ambiante (environ 30°C) et à celle des piments, le bol de soupe est servi sur un support chauffé par une bougie (mieux vaut être sûr, hein). Pour finir sur un peu de douceur, il y a une autre spécialité, pas très célèbre mais esthétique et savoureuse, c'est le blue butterfly pea latte:
Il s'agit d'une fleur bleue endémique (si j'ai bien compris), dont on tire une poudre ou que l'on fait infuser, ce qui donne des boissons délicatement bleutées. Bon, c'est juste un petit aperçu très partiel et partial d'une ville gigantesque... Et si la mode des égouts se répand en Thaïlande, voire en Asie, il va falloir mener des enquêtes plus poussées!

mercredi 20 juillet 2022

Higashi-Hiroshima, gare aux plaques

La chaleur actuelle a tendance à nous faire plonger dans l'ambiance des étés japonais... même si l'humidité n'est pas tout à fait suffisante pour se sentir exactement dans le même état. C'est l'occasion de retourner voir quelques plaques! Mais bon, je l'avoue, assommée par la chaleur, je choisis ici la facilité avec la découverte de Higashi-Hiroshima (littéralement "Hiroshima-Est"). C'est d'ailleurs aussi par facilité que je m'y suis rendue, puisqu'une adepte japonaise des plaques, vivant dans la région, m'avait recommandé d'aller y faire un tour: il suffit de tourner autour de la gare pour en trouver "au moins 12" différentes! Un déplacement rentable, donc. J'ai suivi ses conseils, et après une journée bien remplie, j'ai fait un crochet par la gare de Higashi-Hiroshima pour alimenter ma collection sans fatigue excessive. Et ce fut un succès, puisque j'y ai découvert pas moins de 14 spécimens différents:
De fabrique de sake en salamandre alanguie, de fleurs en lucioles, de tanuki pressé en violoncelle, de nèfles en plan de ville, il y en a pour tous les goûts (tout l'égout) et les couleurs! J'ai quand même pu apercevoir la fabrique de sake, immortalisée par une plaque (la numéro 2 ici):
Mais bon, il était trop tard pour la visiter... Et puis, il faisait trop chaud pour rajouter une visite à la fin d'une journée par ailleurs déjà chargée. Et oui, il faut l'avouer, je n'aime pas le sake... Bref, je ne sais pas s'il y a énormément de choses à voir à Higashi-Hiroshima, mais pour les amateurs de plaques, la rue devant la gare est un paradis!

dimanche 26 juin 2022

Gunkanjima, île cuirassé

L'île de Gunkanjima, au large de Nagasaki, aurait pu porter plusieurs surnoms: "île abandonnée" (mais Honjima aurait été jalouse), "île de James Bond" (mais Naoshima revendique ce titre), "île déserte", "île hantée", "île mine", etc. De son vrai nom Hashima, "île originelle", l'île est plutôt surnommée "île cuirassé" (Gunkanjima), en raison de sa silhouette évoquant depuis la mer un navire de guerre. L'existence de cette île est restée longtemps cachée, son destin paraissant tabou, mais depuis quelques années elle est devenue un véritable argument touristique. Le film de James Bond, Skyfall, tourné en partie dans les ruines de Gunkanjima et sorti en 2012, y est sans doute pour beaucoup dans cette soudaine notoriété; le classement de l'île au patrimoine de l'humanité de l'Unesco en 2015 a certainement accéléré cette tendance. Cependant, autant le dire tout de suite, je n'ai pas pu accoster sur Gunkanjima... C'est très bête, car si j'y étais allée la veille, c'était bon, mais le site a été déclaré trop dangereux et les bateaux ont dû se contenter de faire le tour à partir du jour où j'y suis allée. Tant pis! Cela signifie aussi que pour les égouts, c'est raté: impossible, même avec un bon zoom, d'explorer la thématique depuis la mer. Heureusement, le bateau fait une escale sur l'île intermédiaire de Takashima, possédant sa plaque:
Et en fin de compte, c'est à partir de Takashima que l'on peut découvrir plus précisément le destin de Gunkanjima. En effet, Gunkanjima a une histoire minière originale. Un important gisement de charbon y a été découvert en 1810; mais il faut attendre 1890, durant l'ère Meiji et l'industrialisation du Japon, pour que l'île suscite les convoitises. Mitsubishi acquiert alors le territoire et l'aménage: quelques agrandissements ont lieu de 1899 à 1931 pour atteindre une superficie de 6,3 hectares, entièrement bâtis pour en faire une cité minière. La maquette présente l'ensemble des constructions de l'île:
Le port est le point de contact essentiel afin d'exporter le charbon vers le reste du territoire japonais:
Le travail des mineurs y est présenté avec l'exposition de leurs outils et par une reconstitution de la mine:
Des peintures offrent pourtant une vision plus lugubre du site:
En effet, l'histoire de l'île a été marquée par des accidents et des incendies, entraînant la mort de nombreux mineurs. En particulier, les travailleurs coréens, venus de force pendant la période coloniale, ont payé un lourd tribut lors de ces événements. Malgré tout, la vie s'intensifie: outre la mine et les logements, l'île se dote d'une école, d'un hôpital et de tous les services nécessaires à la vie quotidienne. La population augmente jusqu'en 1959, où elle atteint le chiffre record de 5 300 habitants, soit une densité de plus de 84 000 habitants au km² (une des plus fortes densités au monde). Mais il s'agit de l'apogée de la courte histoire de l'île, puisque le pétrole remplace peu à peu le charbon comme source d'énergie, et que l'exploitation du gisement se révèle coûteuse pour le Japon, qui importe ses ressources énergétiques à moindre coût. Mitsubishi annonce la fermeture de la mine, seule raison d'être de l'île, en 1973, et les derniers habitants évacuent les lieux le 20 avril 1974. L'île est ainsi laissée à l'abandon, sans entretien et au vent des typhons, ce qui entraîne une dégradation rapide:
L'île devient alors le symbole de la désindustrialisation du pays et sa silhouette, longtemps cachée, devient emblématique:
Presque effrayante, l'île continue de hanter les eaux de la région et reste visible de loin:
Même le bateau, le Black Diamond, contribue à entretenir la légende de ce lieu étrange:
Si l'île n'était pas réellement accessible en 2019, c'est depuis tout le Japon qui s'est fermé... Alors finalement, je peux m'estimer heureuse d'avoir au moins pu y faire un tour, même de loin!